un crime à TREGUEUX
!
LE TUEUR
D'ENFANTS
Le bourreau s'est
rendu la semaine dernière à Saint-Brieuc pour y procéder à l'exécution de Dagorne auteur d'un double assassinat commis à Tregueux.
Se trouvant sans
ressources à Trégueux où il était de passage le 25 décembre dernier, Dagorne s'était introduit, pour voler, dans la ferme des époux Hellio qu'il savait absents. Il se trouva en présence des enfants,
Louis Hellio, âgé de dix ans et Pierre Hellio, âgé de cinq ans. le misérable les tua pour se débarrasser de témoins gênants.
Puis, faisant preuve
d'un cynisme effrayant, alors que ses petites victimes râlaient encore - détail inoui dans les annales du crime - l'assassin s'assis tranquillement à une table, se coupa une tranche de pain et se fit
une tartine de beurre.
Dagorne fractura
ensuite les meubles et s'empara d'une montre et d'une somme d'environ deux francs cinquant en monnaie de billon.
Il fut arrêté à
Rennes le 27 décembre au moment où il cherchait à vendre la montre volée chez les époux Hellio.
Il avoua son
crime
On eut quelques
doutes sur son état mental, mais un examen médical conclut à son entière responsabilité.
L'émotion produite
par le double crime de Dagorne fut très grande : il ne fut plus désigné que sous le nom de "tueur d'enfants".
Le dessin que nous
donnons à notre dernière page a tracé au moment de la reconstitution du crime. Dagorne est assis à la table où il mange. On le voit se détourner pour regarder ses deux victimes, dont l'une est
râlante encore.
(article et dessin
parus dans le journal "Le Petit Parisien" du dimanche 14 Juin 1896)
Enfin, hier soir,
l’assassin des deux enfants a été arrêté à Rennes par la police.
Répondant, en tous points au signalement transmis par dépêche au procureur général de cette ville. Fouille aussitôt, il fut trouvé porteur d'une montre qui, d'après les renseignements fournis par le
parquet de
Saint-Brieuc, n'était autre que celle volée chez le sieur Hellio, de la ferme des Veilluns en Trëgueux.
Harcelé de questions, il laissa, échapper un demi-aveu. Il a débarqué ce matin à Saint-Brieuc par le train de 7 h. 55, sous la conduite de quatre gendarmes de Rennes, qui l'ont conduit au
parquet.
M. Giraud, procureur général de Rennes, était arrivé par le premier train. Le parquet, accompagné de M. le procureur général et escorté de huit gendarmes, s'est transporté de nouveau sur le lieu du
crime, avec l'assassin, qui se nomme Dagorne, âgé de vingt-sept ans, célibataire, ori- ginaire de Saint-Martin-des-Prés; il est garçon laboureur et est ce qu'on appelle en argot « sur le
trimard ».
Pressé par le procureur de la République, l'assassin a fini par faire des aveux complets. Il a dit être entré dans la ferme avec l'intention de voler mais ayant aperçu les deux enfants qui pouvaient
le gêner, il les a tués. Il a épargné le bébé dont il n'avait rien à craindre. Il a ensuite fouillé les armoires,
puis s'est sauvé, emportant la montre révélatrice et une petite somme en billon. II s'est dirigé sur Rennes avec l'intention d'aller plus loin.
« Vous avez bien fait de m'arrêter, car j'aurais fait d'autres coups ».
Il a fini par avouer qu'il était aussi l'auteur de la tentative d'assassinat de Saint- Martin-des-Prës.
La victime, Mathurin Aliène, âgé de trente- neuf ans, domestique chez M. Robin, cultivateur, reçut, derrière la tête, trois violents coups d'un instrument tranchant. Ses blessures sont très graves..
L'une d'elles s'étend d'une oreille a l'autre.
On croit, cependant, qu'elle n'en mourra pas.
Dagorne a ajouté qu'il n'avait pu achever son œuvre, ayant aperçu des femmes qui auraient pu le signaler.
L'autopsie des deux petites victimes a été faite hier soir et les obsèques auront lieu demain matin à Trégueux.
(Journal LA PRESSE du 30 décembre 1895)
M. Derrer en voyage
Derrer, accompagné de ses aides, est parti hier soir par la gare Montparnasse pour Saint-Brieuc.
Il va exécuter Jean-Baptiste Dagorne, le tueur d'enfants, qui, le 25 décembre dernier, assassina les jeunes Louis et Pierre Hellio, dans la ferme de leur père, à Trégueux, arrondissement de
Saint-Brieuc.
Dagorne avait été condamné à mort le 19 avril par la cour d'assises de Saint-Brieuc.
(Journal LA PRESSE du 3 juin 1896)
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