Je suis né à TREGUEUX, je vis à TREGUEUX...et je vous invite à connaître TREGUEUX
Je suis né à TREGUEUX, je vis à TREGUEUX...et je vous invite à connaître TREGUEUX

Famille AUFFRAY

Une présentation, en bande dessinée, des seigneurs de la Ville-Aubry du Gué-Lambert et de Robien

Textes de erteach, images de André COUPE

 

 

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Il existe, en la commune Plénée, au lieu-dit la Ville-Auffray, un tertre circulaire - les archéologues disent : une motte - qui doit être le premier établissement des Auffray (alias Alfred, Auffret) dont le nom évoque une origine germanique. Les incursions des grands migrateurs de l'Est et du Nord furent fréquentes en Bretagne au IXème siècle. Ces forteresses de terre et de bois furent le berceau de maintes maisons féodales qui essaimèrent à la ronde. C'est ainsi que nous trouvons les Auffray aux montres de Pluduno, au XVème siècle, après que Perrin Auffray eût été anobli en 1427, par le duc Jean V de Bretagne. Perrinet, son fils, épouse Perrine de Bodegat. Il mourut vers 1460 en laissant comme principal héritier, Jacques qui recueillit

la Ville-Aubry, en 1466, au décès de la douairière, sa mère. Jacques qui figure à la montre de Trégueux, en 1469, épousa Catherine Poulain. Sylvestre, son fils aîné, épouse une briochine, Janne Saoullet, descendante de l'ancien sénéchal de la Cour des Regaires, dont la famille vient d'acquérir la "Ville-aux-Bastards" à Cesson. Jean, fils ainé de Sylvestre, vit, au milieu du XVIème siècle en son manoir de la Ville-Aubry, en Trégueux, avec ses nombreux fils qu'il eut de Marie Chastel, fille de la maison du Pesle-Chastel en Plédran. Son aîné, Raoul, continua la branche de la Ville-Aubry. Il épousera Anne Rouxel, parente sans doute de Bertrand, sr du Boys, qui sera en 1615 syndic de St-Brieuc, c'est-à-dire premier magistrat municipal, et, sans doute aussi de

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Mathurin, sr de Beauvoir, sénéchal des régaires, a la même époque qui épousera Catherine Auffray, sa petite-fille. Leur aîné, Mathurin Auffray, sr de la Ville-Aubry, épouse Françoise Le Forestier, demoiselle de la Ville-Hellio. Leurs armes, en alliance, se lisent encore dans les pierres de l'ancien manoir aujourd'hui très éloigné de son ancienne splendeur : "d'argent à 3 fasces de sable, au lion d'or, armé, lampassé et couronné de gueules, brochant sur le tout" 'qui est Auffray) "de gueules à 3 feuilles de chêne d'argent" (qui est Le Forestier). Jean, le frère puîné de Mathurin, est prêtre. Abbé de Lanvaux, recteur de Pluvigner, chanoine puis trésorier de la Cathédrale de St-Brieuc, il résigne sa prébende de chanoine en faveur de

son neveu, François, dont nous parlerons après. L'abbé Jean Auffray était sieur des Mallers et attacha cette seigneurie à une chapellenie qu'il fonda en la Cathédrale. Il devint conseiller du roi Louis XIII et aumônier de la reine-mère Catherine de Médicis. Puis, il renonce aux honneurs parisiens pou répondre à l'appel de Mgr de Vannes qui lui confie la charge de vicaire général en 1626. Le fils aîné de Mathurin, Charles, sr de la Ville-Aubry, procureur fiscal de la Cour des Régaires, sera député aux Etats de Bretagne à Rennes en 1617. La Ville-Aubry représentait alors un domaine considérable qui valait à ses possesseurs une position de tout premier plan. Charles, mauvais ménager de son bien commencera de l'aliéner fortement et ses

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héritiers ne purent jamais rétablir la situation. Il épouse Suzanne de Troguidy dont deux frères de ses ancêtres se chargèrent jadis d'honneurs au Combat des Trente. Leur aîné, Mathurin, sr de la Ville-Aubry fut débouté de noblesse en 1668 faute de n'avoir pu produire les archives familiales, détournées par une famille alliée. Il épouce Françoise de Keremar dont les armes : "d'argent à 3 chouettes de sable, becquées et membrées de gueules", en alliance avec le lion des Auffray, ornent encore la cheminée monumentale de la grande salle. La qualité nobiliaire sera rendue à Mathurin par arrêt du Conseil en 1698 mais le domaine, déjà bien amoindri, se réduira considérablement au cours du XVIIIème siècle. Les cadets du Gué-Lambert

se rendront acquéreurs de plusieurs terres de la Ville-Aubry. Cette branche aînée des Auffray tombera en quenouille, six générations plus tard, avec Marie-Thérèse dont le père, Guillaume-Louis, chouanna à Plaintel où il trouva une mort tragique, le 12 germinal an VII. Charles avait un frère puîné, François, qui embrassa de bonne heure l'état eccléciastique. Chanoine de Saint-Brieuc à la suite de son oncle Jean, sr des Mallets, ainsi qu'on l'a vu plus haut, il s'adonne aux belles-lettres et écrit des poèmes à la manière de Ronsard. En 1624, par faveur de l'évêque, il devient recteur de Pluduno, l'un des berceaux de sa famille. Ses oeuvres de jeunesse sont signées "François Auffray, gentilhomme breton", puis il connait la célébrité sous

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le nom de "Auffray-Pluduno". Villon, ce poète damné du siècle précédent l'a fortement marqué. Certains passages de son oeuvre en portent l'empreinte, dans l'écriture sinon dans l'esprit, et le font, par delà les siècles, rejoindre Tristan Corbière, cet autre poède maudit. Jugeons-en :
"Comme il est fagotté !
Pâle, hâve, défait, squelette, ombre des morts !
"il brouille, fouille, effraye, erre, tourne et tracasse,
Comme un vrai loup-garou, toujours de place en place.."
Son poème "Conseils aux jeunes filles" est d'une autre veine, toute de délicatesse :
"Fille, je t'accompare, à la candeur du lys,
Beau, bien fait, odorant, telle aussi tu dois être,

Belle, cointe, jolie....
Ne montre ton beau sein, vrai trône de pudeur;
Comme les papillons se brûlent aux chandelles,
On brûlera, voyant ces raretés si belles...
"Mais s'il est laid, pourquoi montres-tu ta laideur ?"
Mais si la réputation du poète Arvers ne tient qu'à un unique sonnet, celle de notre compatriote ne repose que sur un seul vers, encore qu'on ne sâche pas toujours le lui attribuer : "St-Brieuc, cité gentille..." Ainsi débutent ses "Stances" dédiées à l'un de ses confrères en religion et en littérature, auteur des "Vies de Saint-Brieuc et de Saint-Guillaume" publiées chez l'imprimeur briochin, Guillaume Doublet, en 1626. Official du Chapitre sous l'épiscopat de Mgr de la Barde, l'évêque lui intima

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l'ordre d'excommunier ceux qui suivraient la religion réformée. Il est alors octogénaire, assez entêté comme la plupart de ses collègues du Chapitre et très jaloux de ses droits, il refuse de prendre cette mesure. L'évêque le dépossède de son office, en 1648, au profit de son cousin du Guélambert, Toussaint Auffray. Le vieillard fit alors un tel esclandre dans la salle de l'Auditoire qu'il fût, lui-même, frappé de cette excommunication qu'il s'était refusé à fulminer aux tenants du protestantisme. Il mourut en 1652 et fut inhumé en la chapelle Saint-François, ches les Cordeliers. Revenons aux enfants de Jean et Marie Chastel dont le second, Roland, acquert en 1580 la terre du Guélambert. Il a épousé, dix ans auparavant, Louise Favigot, fille de Jean

sr du Clos et de sa seconde femme, Jeanne Davy, dame de la Ville-Bernard. Louise est la soeur de Maurice Favigot qui héritera le Clos, seigneurie qui jouxte celle de Robien, et la soeur aussi de Julien, receveur des Fouages, qui mourut en 1606 accablé de dettes. Ce dernier était sr de Robien dont les terres furent vendues lors de sa succession. Roland laissera le Gué-Lambert à son fils aîné, François. Jean, le puîné, d'abord sr de St-Rivily puis sr de Robien par l'acquêt qu'il en fit de l'ancien domaine de Julien Favigot, épouse Françoise Le Moënne et sera la tige des seigneurs de Robien et de Gué-Lambert car son aîné, François, entre en religion. Chanoine de la Cathédrale, il y est dit "le vieil" pour le distinguer d'autre François Auffray,

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son parent de la Ville-Aubry, le chanoine poète qui siège à ses côtés au Chapitre. C'est une tradition de famille qu'il y ait un chanoine par génération. Autant qu'une dignité c'est une charge qui peut se transmettre et comme elle est avantageuse, les aînés ne la dédaignent pas toujours. Ce Toussaint, né à Robien en 1619 sera sr de Robien en 1646 au décès de son père, puis sr du Gué-Lambert en 1652 au décès de l'oncle François dit "le vieil". On a vu qu'entre-temps il était pourvu de l'Officialité à la place et contre le gré du titulaire, son cousin de la Ville-Aubry. Les fées se son penchées sur son berceau. Dès 1645, à l'âge de 25 ans, il était déjà sénéchal des Regaires et, à ce titre, député aux Etats de Rennes. Il est nommé par le Chapitre,

vicaire capitulaire, en 1675, au décès de Mgr de la Barde avec qui il fut toujours en conflit, défendant contre la tutelle épiscopale les droits du Chapitre, et surtout ceux, particuliers, des chanoines et les siens propres. A cet égard, il fit preuve d'une âpreté aussi vive que n'en avait témoignée le chanoine poête. Il meurt en 1688 en laissant de grands biens à ses héritiers dont la maison noble de Saint-Jouan qu'il avait acquise en 1662. Son frère puîné, André, sr de la Grandville est chanoine de la Cathédrale en 1644 sans avoir reçu les ordres. Il épouse Yvonne le Vicomte avec qui il habite sur le Martray non loin de la maison prébendale de la rue Vicairie qui lui a laissée son frère. Il aura de nombreux enfants. L'aîné, Toussaint, né en 1648, fera une brillante carrière de mousquetaire dans

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la compagnie du chevalier d'Artagnan. Avec son fils Olivier, on voit pour la première fois la couronne comtale surmonter les armes des Auffray, ainsi qu'en témoignait une pierre armoriée de l'ancien manoir de Robien.
Tout est relatif dans le temps et le moins évolué des prêtres d'aujourd'hui semblerait outrageusement révolutionnaire aux yeux du clergé progressiste des années 1600. Cependant, progressistes les Auffray l'étaient assurément. Ils furent de ceux qui, les premiers, contestèrent l'autorité temporelle de l'évêque et promurent les "communautés de ville" d'où naîtront les municipalités. Dès 1614, Jean, sr des Mallets, est député, par ses collègues, vers le roi pour "obtenir des

sauvegardes et sûretés nécessaires à la conservation de cette communauté". En 1667, Toussaint, sr de Robien, reproche à l'évêque les fastes qu'il déploie trop largement notamment lorsqu'il fait changer en vin l'eau de la fontaine pour éblouir la populace sous prétexte de l'abreuver pendant trois heures, et lorsqu'il illumine les fenêtres de son manoir à grande profusion de lanternes. "Tout ce que vous faites là n'est que pure momerie !" ose-t-il lui crier publiquement.
La branche aînée des sgrs de Robien et du Guélambert s'éteindra en la personne de Louis-René, chevalier, comte de Guélambert, décédé sans postérité en émigration à Jersey, en 1794. Il était arrière-petit fils du mousquetaire.

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Pendant ce temps, Jean Hinault continue d'exploiter la métaire de Robien qu'il avait affermée et Hervé Perron, le maître de postes qui demeure en son auberge et relais du Pellican, près de la Charbonnerie, fait pâitre ses chevaux dans le "Pré Hamon" qui jouxte le jardin du château de Robien dont il jouit aussi des "greniers et fanneries". Les biens des Auffray seront vendus nationalement. Toussaint, autre arrière-petit-fils du mousquetaire, né d'une branche cadette, chef de nom et d'armes depuis 1794, put racheter en 1808 le vieil hôtel du Guélambert de la rue Vicairie. A la Restauration, le Bureau de Bienfaisance de la ville lui restituera, contre une rente, une partie des biens de la famille dont la métairie du Carpont. Son fils, Sévère,

 

dernier héritier des Auffray, épousa Agathe de la Noüe, belle-soeur du célèbre chevalier de Fréminville, auteur des "Antiquités de la Bretagne" dont le fils Raoul, dessinateur et peintre de grand talent habita rue aux Chèvres, près du Collège, de 1836 à 1840. Sévère mourut sans postérité en léguant une grande partie de ses biens dont l'hôtel de la rue Vicairie, à l'abbé Duval du Chesnay qui l'avait assisté dans ses derniers moments. La famille collatérale du défunt accusa l'abbé d'avoir abusé de la faiblesse de leur parent. Sur le conseil du Vatican, l'abbé Duval se défit de l'immeuble au bénéfice du clergé qui y établit la cure de la Cathédrale. Ainsi se termine l'histoire d'une grande famille briochine.

Mon arrière-grand'mère Thèrèse Louise AUFFRAY de la Ville Aubry, épousa le 11 mai 1821 Casimir Marie-Félix Gallery des Granges, mon arrière grand-père maternel.

 

fontaine de LaVille-Gueury
lavoir de Saint-Rivily
fontaine du Guérenault
fontaine lavoir les Aulnays d'en haut
fontaine lavoir de Trélaunay
fontaine lavoir de la Mare du Gué
fontaine lavoir de Barillot
fontaine des Evaies